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Selon son auteur Carl Rogers, l’approche centrée sur la personne (ACP) cherche à donner à la personne les moyens de trouver ses propres réponses en développant sa capacité d’autoévaluation et en s’appropriant son existence.

L’ACP insiste sur la qualité interpersonnelle de la rencontre avec le client. Cette qualité de la relation, permet de créer les conditions favorables à l’évolution de la personne. Les conditions favorables reposent, selon Rogers, sur trois attitudes facilitatrices que le thérapeute met en œuvre à travers différents savoir-faire : la congruence, l’empathie et le regard positif inconditionnel, que nous allons détailler ci-après.

Dans ces conditions la personne en vient à faire davantage confiance à son expérience et développe un lieu d’évaluation interne qui lui permet de se positionner dans les différentes situations. Elle délaisse de vieux fonctionnements, le plus souvent conditionnés, pour mettre en place des compétences personnelles nouvelles qui prennent appui sur ce que Rogers a appelé la « tendance actualisante ».

La dimension expérientielle (dimension organismique) est repérée par Rogers comme étant une source interne d’informations, et cette source est directionnelle. Cette affirmation, Gendlin cherche à lui offrir une théorie : la théorie de l’experiencing qu’il modélise en termes de processus avec le focusing.

Les attitudes facilitatrices de l’approche centrée sur la personne

La congruence

Au lieu d’agir sur la base de repères externes et conventionnels (à partir de rôles, de grilles de lectures a priori, etc.), il s’agit d’être ouvert à son expérience pour trouver comment être en relation de manière adéquate, personnalisée, souple, authentique.

La dimension de la congruence s’actualise par une recherche de concordance entre ce qui est expériencé, conscientisé et enfin exprimé.

Pour en revenir au thérapeute,

« …ce qu’il expériencie est disponible à sa conscience, peut être vécu dans la relation et communiquer si cela convient. Ainsi y a-t-il harmonisation ou congruence entre ce qui est expériencié viscéralement, ce qui est présent à sa conscience et ce qui est exprimé au client ». ( Rogers,1977)

Le thérapeute, ouvert à sa propre dimension expérientielle, peut, tout au long de la relation, s’y référer et l’utiliser de manière adaptée, en fonction de ce qui se présente dans l’interaction – pratique de l’autoréférence et de l’autoévaluation. Cette référence directe à sa propre expérience, lui permet de modifier et réajuster d’instant en instant ses réponses et interventions pour une plus grande pertinence et efficacité au profit du client.

L’empathie

C’est l’art de percevoir avec justesse et sensibilité le point de vue d’une autre personne selon son cadre de référence à elle, avec ses différentes composantes (cognitives, émotionnelles, expérientielles).

Rogers est longuement revenu sur cette attitude qu’il a perçue comme essentielle dès le début de sa carrière : « très tôt dans ma pratique de thérapeute, j’ai découvert combien écouter simplement mon client très attentivement était aidant et important. » Plus tard il confirme :

« Etre empathique, consiste à percevoir avec précision le cadre de référence interne de l’autre ainsi que les composantes émotionnelles et les significations qui lui appartiennent comme si on était cette personne – sans jamais perdre de vue le « comme si ». (Rogers,1957-1980)

« Dans la rencontre d’instant en instant qui se produit en psychothérapie, l’élément le plus remarquable du travail du thérapeute est la capacité à comprendre avec justesse et sensibilité les expériences et les sentiments du client ainsi que les significations qu’ils ont pour lui. » (Rogers,1985)

D’une manière générale, l’empathie est largement reconnue comme variable importante dans la relation thérapeutique pour la compréhension du client. Depuis la notion d’Einfühlung employé par Freud en tant que « condition sine qua non pour comprendre l’état mental de quelqu’un », jusqu’à aujourd’hui où elle a sa place dans différents courants psychothérapeutiques. Par contre, l’utilisation qui en est faite n’est pas identique pour toutes les écoles.

Dans l’Approche Centrée sur la Personne et Expérientielle, le thérapeute aide le client à trouver ses propres réponses et à définir les orientations de son existence. Dans ce sens, l’empathie du thérapeute procure au client suffisamment de sécurité, de compréhension, de reconnaissance pour qu’il se sente accompagné dans la recherche qu’il mène pour lui-même. Elle renforce, chez lui, son auto-exploration et son processus d’auto-évaluation –et donc son autonomisation. Au fur et à mesure, il en vient à se faire confiance et à se fier à des repères expérientiels internes pour apprécier les situations et choisir sa vie.

Le regard positif inconditionnel

Le jugement nuit à la relation parce qu’il interfère sur une réelle écoute. Dès qu’on se sent jugé, on cesse de s’exprimer ou bien on le fait maladroitement (avec violence, résistance, justification, accusation, etc.…). Le regard positif inconditionnel restaure une condition dont le client a souvent été privé lors de son éducation (regard conditionnel des parents) et dégage le client de toute pression moralisante.

Le regard positif inconditionnel consiste à communiquer au client le sentiment de sa propre valeur en dehors du contenu (et de la valeur) du discours, des intentions, des actes qu’il manifeste – inconditionnalité. Ce regard est fait d’acceptation, intérêt réel, estime, chaleur humaine,absence de jugement

« Quand le thérapeute expériencie une attitude positive, acceptante face à ce que le client est à ce moment là, il est probable qu’il se produira un changement thérapeutique. Le thérapeute veut vraiment que sont client puisse exprimer son sentiment présent quel qu’il soit – confusion, ressentiment, peur, colère, amour, orgueil. Un tel soin de la part du thérapeute est non possessif. » (Rogers, 1980)